" Je vole avec des ailes déchirées "
Un livre à travers lequel le jeune Raphael Müller accueille la vie
Ce livre est le témoignage poignant d’un jeune autiste, handicapé physique qui ne peut communiquer que par écrit et pour qui le travail de la langue constitue un élan vital et une ouverture vers la liberté. Il dévoile comment sa foi l’accompagne au quotidien et l’aide à accueillir la vie avec bonheur. Il s’agit de la traduction d’un énorme succès germanophone. Ce n'est que lentement qu'il se met en route. Mais il écoute très attentivement.
« M'envoler – je le fais dans mes rêves, marcher – pas même dans la vie quotidienne. Parler – j'en suis incapable; je suis muet, sans pour autant être silencieux. Mais j'ai quelque chose à dire. Celui qui veut m'entendre doit lire, car je communique par écrit. Ecrire, c'est mon élan vital, l'ouverture vers la liberté de votre univers, mon pont entre les univers. Ma langue, c'est la poésie. Celui qui connaît le caractère des lettres et des chiffres comprendra leur ballet et ressentira leur joie. C'est vrai, je suis inhabituel. Vous avez beau essayer j'échappe à toute catégorie. Grâce à Dieu! »
Raphael Müller
Il s’intéresse à tout, réfléchit à la vitesse de l'éclair. Il est génial, inspiré, un vrai virtuose de la langue. Depuis tout petit, il compose des poèmes, en plusieurs langues - il y en a plus de 400 à son actif - dont certains ont été primés. Il fait penser à Stephen Hawking. Il publie aussi dans des chroniques dans des quotidiens et entretient une correspondance avec des intellectuels, des pédagogues, des personnalités politiques, en exposant ses difficultés d’intégration.
Mais Raphael Müller n'a que quatorze ans lorsqu’il écrit son récit. Il vit à Aichach, ville de Bavière de 20’000 habitants. Il est autiste, gravement handicapé physique et muet, sans pour autant être silencieux, comme il aime à le mentionner. Il souffre en plus de crises épileptiques, d’allergies multiples et a dû subir plusieurs interventions chirurgicales.
Il a la sagesse d’un octogénaire, l’intelligence d’un adulte, les émotions d’un jeune et le corps d’un bébé, affirme sa mère, qui s’est démenée sans compter depuis la naissance de son fils pour qu’il puisse être incorporé le plus normalement possible dans le milieu scolaire. Un combat très difficile, permanent. Il n’est pas toujours aisé de concilier le handicap physique avec le syndrome du savant. Et pourtant le résultat est là : merci Raphael, tu enrichis notre existence, reconnaît la maman. Raphael sait nous guider vers l’essentiel, car il dispose de ce qui manque à la plupart d’entre nous : du temps pour réfléchir.
L’ouvrage détaille la lutte de l’adolescent contre l’autisme et son handicap physique, bataille qui est également celle de ses parents, admirables. Raphael évoque les thérapies innombrables et pas toujours profitables, la dépression qui guette, les douleurs, la solitude, l’incompréhension de son entourage. La quantité d’analgésiques que j’ai consommés (…) suffirait amplement à soigner toute une tribu. Il décrit aussi et surtout son bonheur de voir son état se stabiliser, de pouvoir communiquer grâce à une tablette numérique. Il s’interroge sur le sens de la vie, de sa vie, de ses souffrances. Mon destin ne peut pas se réduire à mes douleurs. Et n’hésite pas à écrire que ma bouée de sauvetage, c’est ma foi en Jésus, que je prie sans cesse.
Bref, le témoignage émouvant et d’une rare intensité de sa soif de vivre.
« Je vole avec des ailes déchirées ». Raphael Müller. 215 pages. Traduit de l’allemand par Max Hasler et Michel Galliker. Titre original : «Ich fliege mit zerrissenen Flügeln», 2014, Fontis Brunnen Basel. 2017 Éditions Saint-Augustin, CH 1890 Saint-Maurice.