Par François Vanzin
Pour ce troisième dimanche de l’Avent, nous avons le plaisir d’accueillir Cristina Almici qui est la tante de Lara Gut, c’est dire que là nous atteignons des sommets. Infirmière, puis enseignante à l'Ecole des métiers de la santé et du social à Delémont, Cristina répond à un appel intérieur. En 2013, Elle vend sa maison et quitte son emploi pour aller offrir ses services comme bénévole à l’hospice du Grand-St-Bernard.
La vie en altitude n’a rien d’une sinécure. Huit mois par année, l’Hospice n’est atteignable qu’à pied, en raquettes ou à peau de phoque, sans compter les risques d’avalanche, les vents furieux et les journées où on n’y voit rien à deux mètres.
Ce n’était pas par amour de la montagne, affirme-t-elle : je n’avais jamais fait de peau de phoque, je me contentais du Jura et ça allait très bien. C’était un choixpersonnel et spirituel : je souhaitais m’améliorer, devenir plus comme le Christ nous enseigne, et me mettre à disposition là où on a besoin de moi.
A l’hospice, Cristina s’emploie à seconder bénévolement la petite communauté de chanoines dans l’accueil des hôtes de passages. Pas moins de 10 000 personnes y sont hébergées pour la nuit chaque année. Le travail ne manque pas. On lui confie la charge d’intendante. Quand on lui demande c’est quoi l’intendante ? elle répond : Au départ, c’est quelqu’un qui regarde quel travail est à faire et qui le répartit avec une équipe. Mais il s’est avéré que c’est nettement plus complexe et riche que cela. L’essentiel, c’est vraiment la relation avec les personnes. Soutenir, valider, répartir les forces... Et beaucoup communiquer pour faire des ponts entre les différentes « équipes » de la maison : la communauté, l’équipe d’entretien, l’équipe de cuisine, les bénévoles de l’accueil et les hôtes.
Au cœur des choses et du faire, au contact des chanoines, Cristina développe sa spiritualité. La vie sur le Col est austère : il y a du vent, des fleurs toutes petites, aucun arbre, beaucoup de rocher, énormément de neige... On n’est pas vraiment invité à rêvasser. On dit souvent qu’à l’Hospice, la spiritualité passe par le nettoyage des toilettes : au départ, j’ai trouvé cela un peu difficile à accueillir. C’est une spiritualité très incarnée, qui s’appuie sur les gestes, les gens avec qui on vit, l’attention aux petites choses. Pas de superlatifs, pas de théorie que de la pratique, du matin au soir.
A l’hospice du Grand-Saint-Bernard, il importe aux chanoines et aux bénévoles qui les secondent que chacun se sente accueilli : les pèlerins, comme les blessés de l’Eglise ou encore les personnes d’autres croyances ou qui n’en ont pas
On ne met pas beaucoup de mots là-dessus, mais je crois que c’est un enrichissement inestimable. Je me sens plus forte dans ces choses auxquelles j’aspirais : plus de bienveillance, plus éveillée, plus de patience.