« Quand on nous a contacté pour faire ce témoignage de famille recomposée, on a été très étonné. Pourquoi nous ? Nous ne sommes en tout cas pas une famille extraordinaire. Nous sommes une famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire. »
Témoignage de Claude et Jeanine lors du troisième dimanche de l'Avent dans le cadre de Chemin en Avent proposé par la Pastorale des familles et le Vorbourg
Depuis début décembre, la Pastorale des familles, en collaboration avec le Vorbourg, propose de nous ouvrir à des réalités diverses en faisant une halte tout au long de l’Avent auprès de familles aux mille visages. Aujourd’hui, il y a de nombreuses figures familiales et chacune est précieuse et riche d’amour. Toute histoire de famille est une histoire sainte dans laquelle Dieu se révèle. Une semaine avant la fête de la Nativité, la parole est donnée à une famille recomposée. Au travers de ce témoignage construit en alternance, Jeanine et Claude Rebetez, mariés depuis 35 ans, ont eu à cœur de montrer que tout est possible et qu’être une famille recomposée n’apporte pas que des difficultés mais surtout beaucoup de moments de bonheur.
Avec son accent chantant, Jeanine a grandi à Avignon. En 1976, désireuse d’un ailleurs, elle quitte sa famille pour un travail saisonnier aux Breuleux. Elle y rencontre celui qui deviendra son mari en 1978 et avec qui elle aura, comme elle le dit, « deux trésors ». Selon Jeanine, « c’était déjà un départ dans la vie fragile ». Ainsi, après quelques années de vie aux Franches-Montagnes, ils se sont vite rendu compte que leurs différences étaient trop grandes et que ça ne pouvait que finir par une séparation. C’est à ce moment-là que Claude est entré dans sa vie sur la pointe des pieds. En effet, comme il l’explique, au début ce n’était que des partages et beaucoup de communication. Puis, petit à petit, ces moments sont devenus des moments d’amitié qui se sont finalement transformés en amour. Et lorsque nous parlons d’amour, nous parlons aussi d’engagement.
Pour Claude, c’est le moment des premiers questionnements : « Suis-je prêt à assumer ce rôle de nouveau père de famille recomposée sans exclure le vrai père ? ». De plus, la question d’affronter le regard des autres a été fondamental pour lui : « Je crois que souvent c’est un peu ça la principale difficulté des familles recomposées parce que, malheureusement, le regard des autres n’est pas toujours très positif. Quand j’ai confié a des amis que je voulais vivre avec Jeanine, l’un d’entre eux m’a dit ˮ Tu vois ce mur là-bas ? Tu vas droit dedans ˮ. » Toutefois, selon Claude, de cette difficulté est née une force. En effet, durant ces 35 dernières années, ce dernier a à cœur de prouver le contraire en s’investissant au maximum pour que tout se passe bien pour les enfants et leur couple. Pour Jeanine, les premières difficultés liées à une séparation se sont faites ressentir, déchirant son cœur de maman : les premières gardes alternées durant les week-ends ou les vacances scolaires mais aussi les premiers Noël sans ses enfants. Il fallait retrouver un nouvel équilibre pour cette famille qui voyait le jour. Pour Claude, il a toujours été primordial de laisser la place au papa des enfants. C’est pourquoi, dès le début, il a pris l’habitude de s’éclipser au moment où ils partaient ou revenaient de façon à ce que leur papa ne soit pas gêné de sa présence.
Quelques années plus tard, un troisième enfant est venu agrandir la fratrie. A ce moment-là, il a fallu être attentif car il était inconcevable qu’il y ait une différence entre les trois enfants. En effet, dans la famille de Jeanine et Claude, il n’y a jamais eu question de demi-sœur ou de demi-frère. Et cet amour entre les trois enfants se fait sentir puisque les deux aînés témoignent à leur frère beaucoup de reconnaissance et de complicité.
En résumé, pour créer une famille recomposée, il faut faire abstraction du regard des autres. Mais il faut aussi savoir maintenir la flamme dans l’Amour et surtout avoir une Foi profonde. Dans ce témoignage en toute simplicité, rempli d’humour et de bienveillance, il est a remarqué que malgré leur confiance et leur amour, la famille de Jeanine et Claude n’a pas été épargnée des difficultés que traversent les familles recomposées. Mais leur force réside dans le fait d’avoir la Foi et de croire l’un en l’autre. Pour clore ce témoignage de souvenirs et d’accomplissements, Jeanine et Claude ont formulé une prière toute simple :
« Seigneur, nous te confions toutes les familles, et en particulier les familles recomposées. Que ton regard aimant et bienveillant les aide et les portes pour avancer dans la confiance et l’amour partagé. »
Finalement, comme l’a rappelé l’abbé Bernard Miserez lorsqu’il a allumé la troisième bougie de l’Avent : « Il faut partir de la bougie du haut pour terminer avec celle du bas, car Dieu, on le trouve ici bas ». En effet, Dieu se trouve au cœur de toutes ces familles diversifiées qui sont les visages de l’Eglise.