Miriam Christen-Zarri fait partie des onze femmes qui rencontrent les évêques suisses, le 15 septembre 2020, réunis à Delémont en assemblée de la Conférence des évêques (CES). A 39 ans, elle porte plusieurs «casquettes» dans le canton d’Uri.
Par Regula Pfeifer, traduction et adaptation Grégory Roth
«Cela dépend de la casquette que vous portez…». Cette expression, Miriam Christen-Zarri la prononce à plusieurs reprises, lorsqu’elle parle de sa vie. Soigneusement habillée et maquillée, la trentenaire est assise – sans casquette, tête nue – sur un banc à Bürglen, près d’Altdorf, avec vue sur la vallée pour répondre aux questions de kath.ch.
Pour représenter les femmes chrétiennes d’Uri
La métaphore de la casquette émerge rapidement, dès le début de la conversation. Déjà lorsqu’on lui demande ce que cela lui fait de rencontrer les évêques suisses, en tant que nouveau membre du conseil d’administration de la Ligue suisse des femmes catholiques(SKF-LSFC), elle rectifie d’emblée: Il ne s’agit pas de cette casquette-là. C’est en tant que présidente de la Ligue des femmes du canton d’Uri (FBU), une organisation œcuménique, qu’elle rencontre les prélats. La LSFC veut bénéficier d’un plus large soutien – avec des représentants aux niveaux national, cantonal et local.
Quelles sont ses attentes par rapport à la réunion des évêques? «J’espère que les évêques nous percevront comme des femmes qui – souvent non rémunérées – font beaucoup pour l’Eglise», dit Miriam Christen-Zarri. Seules quelques paroisses ont la chance d’avoir leur propre curé – comme à Bürglen, où elle vit. Mais la plupart, qui n’ont pas de prêtre, ou qui ont un prêtre de langue étrangère, ne fonctionnent que grâce aux femmes qui maintiennent la vie paroissiale.
Les femmes doivent exprimer leur opinion
Une des quatre membres du conseil d’administration du SKF depuis juin 2020, Miriam Christen-Zarri responsable des finances et des contacts avec les associations cantonales. Depuis novembre 2018, elle préside la Fédération des femmes d’Uri, par laquelle elle entend promouvoir la formation de l’opinion. Elle veut encourager les femmes à faire connaître leurs opinions et à s’engager dans le travail.
Cette femme active porte également plusieurs casquettes en dehors de l’Eglise. Depuis 2014, elle est conseillère municipale de Bürglen – exécutif communal – avec le PLR (Parti libéral-radical) et depuis le printemps 2020, elle est députée au Grand Conseil d’Uri – législatif cantonal. Elle est également conservatrice du musée Tell, à Bürglen.
Se faire connaître
Elle voulait se faire connaître, explique-t-elle, comme motivation à ses nombreux engagements. Après de longs séjours à Lucerne, Zurich et en Suisse romande, la Tessinoise a suivi son mari, qui a souhaité retourner dans sa ville natale de Bürglen. Le fait qu’on lui ait d’abord demandé ce que faisait là cette étrangère, l’a poussé à établir sa propre identité, son propre réseau.
Entretemps, Miriam Christen-Zarri est non seulement bien connue à Bürglen, mais tutoie également les députés du canton d’Uri. La proximité avec les gens est agréable d’une part, mais aussi une «malédiction». Parce que de temps en temps, certaines personnes lui attribuent une casquette différente de celle qu’elle vient de mettre. En dehors de cela, la nouvelle venue s’est acclimatée et ne veut vivre nulle part ailleurs.
Professionnellement aussi elle a porté plusieurs casquettes. Elle a été esthéticienne, correctrice et professeur d’informatique. Actuellement elle se forme pour devenir conseillère indépendante en accompagnement de personnes et familles endeuillées. Cette formation est complétée par une formation à l’accompagnement aux rites et cérémonies funéraires.
De son propre chagrin à l’accompagnement
Elle y est arrivée par un coup du destin. Elle a dû faire face à la mort de son ancien compagnon et, plus tard, à un diagnostic d’une maladie chronique, qui lui a malheureusement coûté son emploi. Aujourd’hui, Miriam Christen-Zarri est à nouveau tournée vers l’avenir. Elle veut aider les autres à mieux vivre les phases difficiles de leur vie et à en ressortir renforcés.
«Je ne peux pas faire carrière dans l’église en tant que femme.»
Elle a enterré le désir d’étudier la théologie, qui était resté en sommeil depuis la fin de ses études secondaires. «En tant que femme, je ne peux pas faire carrière dans l’Église», déplore-t-elle. En outre, elle préfère agir sur le terrain que de passer son temps dans les livres.
Miriam Christen-Zarri ne veut pas que son cursus en vue de devenir conseillère en rituels de deuil soit compris comme une distanciation de l’Eglise. Elle reste fidèle à ses racines catholiques, mais elle plaide pour plus d’ouverture. De nombreuses personnes ont aujourd’hui leur propre idée sur la façon dont elles veulent vivre leur passage et elle souhaite les soutenir dans cette démarche.
«J’ai un grand respect pour l’abbé Bucheli.»
Dans l’Eglise aussi, elle a rencontré des gens qui ont courageusement pris de nouveaux chemins. Elle fait notamment référence à l’abbé Wendelin Bucheli qui a béni un couple de lesbiennes, il y a six ans à l’église de Bürglen. Cet acte a failli coûter au prêtre son emploi. «J’ai beaucoup de respect pour l’abbé Bucheli d’avoir fait cela», déclare Miriam Christen-Zarri, qui vit dans le quartier des deux femmes en question. (cath.ch/kath.ch/rp/gr)