Jura Pastoral

Le nouvel orgue de Vicques

Installation, bénédiction et concert inaugural

Les nouvelles orgues de l'église Notre-Dame du Rosaire à Vicques sont installées. La bénédiction s'est déroulée le 21 septembre au cours d'une célébration présidée par l'abbé Antoine Dubosson. Deux semaines plus tard, dans une une église bien remplie, a eu lieu le concert inaugural - conduit par l'organiste Benjamin Guélat - avec un programme qui a fait resortir toute la quintescence de ce magnifique instrument dessiné et construit par Roman Steiner, facteur d'orgues à Fehren (SO). Retour en images sur l'aboutissement de ce projet qui s'est étalé sur sept ans.

Début juillet - Le montage de l'orgue

« Cet orgue compte 1200 tuyaux, dont une centaine en bois. La façade visible présente 43 des plus longs tuyaux, ceux-ci sont fabriqués artisanalement dans le canton de Glaris avec un alliage de plomb (20%) et d’étain (80%) ». Début juillet, Roman Steiner, a presque terminé le montage de l’instrument qu’il a dessiné spécialement pour l’église Notre-Dame du Rosaire à Vicques. A l’aide de différents outils de mesure, sur chaque tuyaux, il marque au poinçon l’endroit où, à l’aide d’une petite scie à disque, il amménage deux fenêtres. Puis, avec un couteau, il modifie la taille de la bouche : « la forme des lèvres est importante. L’air « flotte » aux lèvres et la longueur du tuyaux lui donne du corps ».

Facteur d’orgue établi à Fehren, dans le canton de Soleure, Roman Steiner a déjà réalisé plus d’une quarantaine d’orgues à travers tout le pays : « J’aime le Jura, ce d’autant que c’est à Soyhières que j’ai monté mon premier instrument. C’était en 1982 ».

Selon Vincent Eschmann, ancien président de paroisse et porteur du projet, « c’est en septembre 2010 que l’Assemblée de paroisse a accepté le crédit et choisi le projet de Roman Steiner ». Celui-ci a ensuite construit l’instrument dans son atelier entre 2011 et 2013. Puis, l’orgue a été démonté pour être transporté et remonté cette année sur la tribune de l’église. Au total, la construction de l’orgue a nécessité plus de 5500 heures de travail.

Une fois le montage terminé, Roman Steiner s’est encore attaché, durant plusieurs semaines, à accorder son instrument pour lui donner un tempérament de type mésotonique avec un équilibrage particulier afin de lui donner, selon les termes de l’organiste Benjamin Guélat, « un son puissant et coloré ».

Le nouvel instrument est donc un orgue mécanique doté de 17 jeux (+1, voir lus bas dans cette page). Le buffet est en sapin traité et la console n’est plus décalé, comme auparavant, mais en fenêtre. Une caméra permet à l’organiste d’être en contact avec le chœur de l’église. Un humidificateur intégré à l’orgue le protège des importantes variations de températures et d’humidité dans le bâtiment. La console dispose de deux claviers de 56 touches qui peuvent être accouplés et de 30 pédales.

Voir le descriptif de l'orgue de Vicques
sur le site de Roman Steiner: cliquez ICI

Entretien avec Roman Steiner, le facteur d'orgue

Inauguration de l'orgue de Vicques

Bénédiction

21 septembre 2014 - La bénédiction de l'orgue

C'est dans une église pleine que s'est déroulée la messe solennelle de bénédiction des nouvelles orgues de Notre-Dame du Rosaire. Après la procession d'entrée avec encens, croix et les bannières des chorales Sainte-Cécile de toute l'Unité pastorale Saint-Germain, l'abbé Antoine Dubosson a rappelé l'importance de l’orgue dans les célébrations liturgiques: « La musique sacrée a pour but premier de glorifier Dieu et de sanctifier les Hommes. Or, le jeu de l’orgue est une invitation au chant nouveau que nous devons chanter à Dieu. Lorsque nous bénissons une chose – un orgue dans le cas présent – la bénédiction s’étend bien au-delà de cet instrument. En effet, ce sont également les organistes, les chanteuses et les chanteurs que nous bénissons ; ce sont aussi le facteur d’orgue et les artisans qui ont œuvré à sa réalisation, ainsi que les personnes qui ont rénové la tribune ; ce sont les membres du Conseil de paroisse de Vicques et tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la réalisation de ce projet ».

Pour cette célébration, l’abbé Antoine Dubosson était entouré de l’abbé Maurice Queloz, de l’abbé Marie-Bernard Farine, du Père Inna Reddy ainsi que de Marie-Andrée Beuret et Noël Pedreira, deux assistants pastoraux. Etaient également présents, les abbés Claude Schaller et Jacques Horisberg, tous deux enfants du village.

Selon le rite, l’abbé Antoine Dubosson a, depuis le chœur, aspergé l’orgue d’eau bénite, puis, il est monté sur la tribune pour encenser l’instrument. Pendant le déplacement du prêtre, la chorale a chanté a capella. C’est seulement lorsqu’il est revenu vers l’autel que le prêtre a invité l’organiste à jouer.

Pour cette messe solennelle, quatre organiste se sont succédés au clavier : Pascal Schaller, Daniel Marquis, Paul Simon et Françoise Fromaigeat.

Paroles de président(s)

« Enfin ! Le rêve est devenu réalité ! » Dans son allocution, Fidèle Friche, l’actuel président de paroisse a rendu hommage et remercié Vincent Eschmann, son prédécesseur : « C’est lui qui a lancé et porté ce magnifique projet. Merci Vincent ! » Fidèle Friche a également souligné « l’immense travail de Roman Steiner, le facteur d’orgue qui a pensé, dessiné et construit ce magnifique instrument en harmonie avec l’architecture particulière de l’église ».

« Le voici enfin ce nouvel instrument dont nous parlons depuis sept ans ! » Dans son intervention, Vincent Eschmann, l’ancien président de paroisse est revenu sur les raisons qui l’ont conduit à lancer ce projet : « Il y a un peu plus de 50 ans, lors de la construction de cette église, l’orgue a été confectionné à partir de tuyaux provenant de différents endroits de Suisse et selon un système électro-peumatique. En 2007, le Conseil de paroisse est alerté par l’organiste de l’essoufflement de ce mécanisme. Une expertise a révélé que même avec une révision, il était impossible de garantir que l’instrument fonctionnerait mieux ». Vincent Eschmann a rappelé également qu’une étude a démontré qu’au cours des saisons l’intérieur du bâtiment subissait d’importantes variations de température (de 10 à 30 degrés) et d’humidité (de 25 à 67%) : « Encore un sacré défi dans le choix d’un nouvel instrument. A ce propos, j’adresse un merci tout particulier à Françoise Fromaigeat qui nous a guidés dans le choix d’un orgue ». L’ancien président n’a, bien sûr, pas manqué de remercier Roman Steiner qui a créé de ses mains ce superbe instrument : « Grâce à vous, Monsieur Steiner, l’église de Vicques possède aujourd’hui un orgue à la hauteur de son architecture ».

Un 18e jeu en vibrato

Orgue de Vicques

3 octobre 2014 - Le concert inaugural

Entre la célébration de bénédiction 21 septembre et le concert inaugural du 3 octobre, il s’est passé dix jours durant lesquels, Roman Steiner, le facteur d’orgue a peaufiner son instrument en rendant fonctionnel un 18e jeu, ou plutôt un effet additionnel. Sur la photo ci-dessus on peut voir que chaque registre est numéroté et que le 18 porte la mention « tremblant »: en tirant ce registre, l’organiste peut ainsi donner un subtil effet de vibrato aux sons.

On ne sait pas si Benjamin Guélat a exploité cet effet lors du concert inaugural (nos connaissances musicales sont trop limitées) mais, avec sa sélection de morceaux (voir le programme ci-dessous), il a su exploiter tout le potentiel sonore et harmonique du nouvel orgue de Vicques. Avant même d’entamer son concert, Benjamin Guélat est ravi : « c’est un magnifique instrument qui offre un son puissant et coloré ».

Durant tout le concert, le public installé sur les bancs de l’église est silencieux. Certains ont les yeux fermés, d’autres se sont retournés pour voir l’orgue, tous se laissent emporter par la musique, il y a même des larmes qui coulent.

Entre chaque titre, Françoise Fromaigeat fait une courte intervention pour parler du morceau à venir et présenter le compositeur. Au terme de la représentation, sous des applaudissements nourris, Benjamin Guélat descend de la tribune pour rejoindre Fidèle Friche, le président de la paroisse de Vicques et Roman Steiner, le facteur d'orgue. Puis, comme pour remercier le public, l'organiste remonte vers l'orgue et joue un morceau supplémentaire. Mieux, il invite le public à le rejoindre et présente l'instrument, ses fonctions, fait la démonstration des différents jeux et répond au questions qu'on lui adresse.

Avec un grand sourire Benjamin Guélat s'adresse aux personnes rassemblées autour de lui: « Savez-vous combien de sons différents peut produire cet orgue ? ». Des chiffres sont avancés… L’organiste donne la solution : « Etant donné qu’il y a 18 jeux, pour connaître le nombre exact de sons, il suffit de faire 218 (2 puissance 18), soit 262’144 sons différents ».

 

Programme du concert inaugural:

Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Toccata et fugue en ré mineur BWV565

Jean-Adam Guilain (1680-?)
Extraits de la suite du second ton:
- Plein jeu
- Tierce en taille
- Basse de trompette
- Dialogue

Jean-Sébastien Bach
« Wachet auf, ruft uns die Stimme » BWV 645

Franz Liszt (1811-1886)
Fantaisie et fugue sur B-A-C-H

César Franck (1822-1890)
Andantino en sol mineur

Charles-Marie Widor (1844-1937)
Toccata de la 5e symphonie pour orgue

Benjamin Guélat - Biographie express

Benjamin Guélat Benjamin Guélat dans le reflet de la façade vitrée de l'orgue de Vicques

Né à Bure en 1978, Benjamin Guélat fait ses études à Bâle, auprès de Guy Bovet, Rudolf Lutz et Martin Sander. Il obtient à la Hochschule für Musik les diplômes d'enseignement, de concertiste et de soliste, ainsi qu'un Master en improvisation. Il a été distingué à deux reprises par le Prix Hans Balmer. Organiste titulaire de la paroisse Maria Krönung de Zurich-Witikon, Benjamin Guélat se produit également en Suisse et à l'étranger en tant que soliste ou accompagnant.

Agenda et messes

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