Le pape François a nommé mardi 2 août 2016 une commission d'étude sur le rôle des femmes diacres au début du christianisme, dans une démarche d'ouverture potentiellement historique sur la place des femmes dans l'Eglise catholique.
Les diacres catholiques sont des hommes ordonnés pour prononcer le sermon à la messe, célébrer baptêmes, mariages et funérailles, mais qui ne peuvent pas dire la messe : il faut un prêtre pour l'eucharistie, de même que pour la confession.
La commission, composée de 13 membres dont six femmes, est chargée selon le Vatican d'examiner le rôle des femmes qui ont occupé ces fonctions aux « premiers temps de l'Eglise », même si certains en attendent aussi des recommandations sur la manière de donner plus de responsabilités aux femmes aujourd'hui.
Un sujet explosif
Interrogé le 12 mai sur le diaconat des femmes lors d'une rencontre avec des supérieures générales de congrégations de religieuses, le pontife argentin s'était déclaré favorable à l'institution d'une commission d'étude.
La petite phrase avait fait vivement réagir dans l'Eglise, où l'accès des femmes aux responsabilités reste un sujet explosif.
« Je pense qu'il va y avoir maintenant un débat féroce. Sur ce sujet, l'Eglise est divisée en deux », avait prévenu le cardinal Walter Kasper, un théologien allemand, proche du pape.
Mais dans l'avion qui le ramenait d'Arménie fin juin, le pape avait cherché à apaiser les esprits en assurant que les médias avaient déformé sa pensée en évoquant un possible accès des femmes au diaconat sous sa forme actuelle. Ce n'est « pas la vérité », avait-il insisté.
« Après une prière intense et une mûre réflexion, sa Sainteté a décidé d'instituer la commission d'étude sur le diaconat des femmes », a annoncé mardi le Vatican dans un communiqué avant de publier la liste des membres.
« Un bon signe »
Présidée par Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, jésuite espagnol secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, elle réunit des prêtres, des religieuses et des expertes universitaires. La plupart sont européens ou américains, mais la commission compte aussi un prêtre rwandais.
« C'est une très bonne commission, très équilibrée, avec des profils divers, des femmes très préparées et d'inclinations différentes, autant progressistes que conservatrices », a salué à l'AFP l'historienne Lucetta Scaraffia.
Sans s'avancer sur la possibilité que les travaux débouchent sur une ouverture du diaconat aux femmes, cette spécialiste des femmes dans l'Eglise a estimé que la création de cette commission, de manière si rapide, était déjà « un bon signe, encourageant ».
Le diaconat est longtemps resté une étape vers la prêtrise, mais le concile Vatican II (1962-1965) a rétabli le diaconat permanent, accessible à des hommes mariés, qui pallient souvent le manque de prêtres ou les assistent.
En 2014, selon les dernières statistiques disponibles, l'Eglise comptait 44.500 diacres permanents (pour 415.000 prêtres), 33% de plus qu'en 2005, essentiellement en Amérique du Nord et en Europe.
Inégalité entre hommes et femmes
De nombreux travaux historiques ont révélé que des femmes avaient pu être diacres dans les premiers siècles du christianisme. Mais il semble que leur rôle s'apparentait alors à celui que tiennent actuellement les religieuses dans les paroisses.
Le pape François a plusieurs fois évoqué sa volonté de remédier à l'inégalité entre hommes et femmes dans l'exercice des responsabilités au sein de l'Eglise, tout en réaffirmant l'opposition de l'institution à l'ordination de femmes prêtres.
Il a cherché à encourager l'influence théologique des femmes et a répété qu'une femme pourrait un jour prochain diriger un dicastère (ministère) de la Curie.
« Les femmes sont comme les fraises dans un gâteau, il en faut toujours plus », plaisantait-il ainsi devant des théologiens en décembre 2014.
Entre les 700.000 religieuses et l'armée des laïques, les femmes sont largement majoritaires parmi les personnes œuvrant au quotidien de la vie des paroisses, mais restent subordonnées à un membre masculin du clergé. AFP