Le père Ziad Hilal, un prêtre établi à Homs, en Syrie, sera à Moutier les 2 et 3 novembre prochains. Ce jésuite consacre sa vie à l'accueil des enfants réfugiés dans ce pays dévasté par la guerre.
Comme il n'a pas été possible de trouver une date pour une conférence publique à la Maison des Oeuvres, le père Ziad livrera son témoignage en l'église Notre-Dame de la Prévôté lors des messes dominicales du samedi, à 17h30, et de dimanche, à 10h15. Au cours de chacune de ces célébrations, il prendra la parole durant 20 minutes environ.
Initiateur de ces rencontres, le père Pierre Bou Zeidan est ravi: "son témoignage touchera sûrement les cœurs des jeunes de la Montée vers Pâques et leurs animateurs présents ces jours-là. Pour eux, ces témoignages rappelleront ceux entendus le vendredi saint dans le tunnel. Les familles endeuillées réunies à la messe de samedi, jour de commémoration des défunts, sauront trouver force et courage en voyant la sérénité et l'espérance qui habitent cet homme et en découvrant d'autres deuils vécus autrement dans une partie du monde".
Le dimanche, jour de la Toussaint, la célébration présidée par l'abbé Prongué sera animée par la Sainte-Cécile et l'assemblée présente! Le fruit de la quête sera dédié à l'action du père Ziad auprès des enfants de Homs.
Afin de découvrir un peu mieux l'action et le ministère de ce prêtre syriens, le père Bou Zeidan nous invite à lire l'article récemment publié dans le journal "La Croix" (voir ci-dessous).
19 septembre 2013
Un jésuite dans le chaos syrien
De passage à Paris, le prêtre syrien Ziad Hilal raconte la guerre civile qu’il traverse aux côtés des habitants de Homs, où le centre social des jésuites épaule trois mille familles.
Et pour cause : le P. Ziad Hilal arrive tout droit de Homs, une des plus grandes villes de Syrie, à 160 kilomètres au nord de Damas, dont le siège meurtrier est devenu un symbole de la guerre civile en cours.
« Mon provincial m’a laissé le choix », expose cet homme simple et affable, dont la discrétion ferait presque oublier qu’il est devenu une autorité morale incontournable dans l’enfer de Homs. « Si mes paroissiens partent, je les suis. S’ils restent, je reste avec eux. »
« Si je ne viens pas en aide à mon frère, je suis complice de la barbarie »
Le centre social qu’il dirige, au cœur d’une zone contrôlée par l’armée régulière, accueille 3 000 familles en quête d’une aide alimentaire, médicale ou psychologique. Grâce aux dons qui arrivent d’Europe, le P. Ziad soutient ceux qui rencontrent des difficultés à se loger.
« Peu importe la religion ou le camp de ceux que je côtoie, si je ne viens pas en aide à mon frère, je suis complice de la barbarie. Si je ne romps pas le cercle de la violence, je la laisse entrer dans ma vie », dit avec conviction ce témoin de la lassitude d’une grande partie de la population.
« Dans leurs yeux, j’ai vu briller une foi intense », témoigne-t-il. Ce jour-là, des musulmans aussi ont jeûné et prié, assure-t-il, même si la guerre, qui a fait fuir la moitié des 120 000 chrétiens de Homs, teinte parfois cette amitié d’un voile de pudeur.
Dans les centres éducatifs de la paroisse, l’ancien étudiant en théologie pédagogique prône inlassablement l’éducation à la paix. C’est pour lui une évidence : la Syrie renaîtra grâce aux enfants. Pour l’heure, le P. Ziad se prépare à endurer un troisième hiver de siège, avec son lot d’épreuves, de pénuries. Tout entier donné à sa cause, cet amoureux de littérature arabe parvient parfois à s’isoler quelques heures pour dévorer un roman.
« Pourquoi Dieu nous fait-il ça, pourquoi ? », lui dit-elle en tremblant. « Ce n’est pas Dieu, lui glisse Ziad, ce n’est pas Dieu… Ce sont les hommes. »
François-Xavier Maigre, la Croix, 19 septembre 2013