Présenter aux gens une "proposition de la foi"
Pour Mgr Gmür, l'Eglise ne doit pas représenter une religion qui commande et qui interdit.
Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle, garde un bon sentiment de la visite ad-limina, effectuée avec les autres évêques suisses, à Rome, au début décembre. Les échanges avec le pape François et les représentants de la curie ont été fructueux, affirme le prélat dans une interview aux bulletins paroissiaux de Berne et de Bâle.
"Nous vivons dans une société très différenciée, plurielle, au sein de laquelle la religion ne constitue qu'un aspect parmi beaucoup d'autres de la vie quotidienne des gens", avait souligné Mgr Gmür lors de la visite des évêques suisses à Rome. Dans une telle société, l'Eglise ne peut pas fonctionner comme une religion qui commande et interdit. Elle doit plutôt s'efforcer de proclamer l'Evangile et de le vivre, assure le prélat bâlois. L'Eglise peut ainsi présenter aux gens "une proposition de la foi".
Les évêques suisses se sont vus remettre une version écrite du discours du pape François à leur adresse. Le pontife y souligne notamment la différence entre les laïcs, également ceux qui occupent un poste permanent en Eglise, et les prêtres. "Le pape n'a rien dit à ce sujet, remarque Mgr Gmür. Nous avons reçu le discours imprimé à la fin de la rencontre, en même temps que d'autres présents. Il n’y a pas eu de discours. Nous sommes restés environ trois quarts d'heure en compagnie du pape et avons discuté avec lui".
Le diocèse de Bâle confie aux laïcs, qui sont parfois des femmes, des tâches de responsabilité. L'évêque de Bâle se demande si cela constitue la meilleure solution. "La réalité de l'Eglise est toujours diverse. Nous ne vivons plus comme dans les années 1950, quand chaque village avait sa paroisse, ses prêtres, et en sus des vicaires et un chapelain, relève le prélat. Cette situation n'est plus de mise dans de nombreux endroits du monde. En Amérique du Sud, il existe des régions entières dépourvues de prêtres. Là-bas également, les laïcs pourraient se voir confier des missions spéciales.
Vers des "communautés de base"
A Rome, il a été souligné que "nous avons beaucoup moins de prêtres que de paroisses. Mais beaucoup pensent toujours que nous avons une fois et demi plus de prêtres que de paroisses. Alors que beaucoup ont atteint l'âge de la retraite". L'année dernière, 17 prêtres du diocèse de Bâle sont décédés et il y a eu une ordination, rappelle l'évêque.
Cette situation conduit inévitablement à des changements dans "l'image de l'Eglise". Le peuple de Dieu devient plus actif. Il n’est plus simplement conduit sur une base territoriale, La pastorale se fonde sur la réciprocité, assure Mgr Gmür. "Même si notre vision de ce qu'on nomme les 'communautés de base' peut être quelque peu idéaliste et romantique, c'est dans cette direction que l'on va. Quelque chose de nouveau se passe".
Les unités pastorales qui seront mises en place dans le diocèse de Bâle mi-2016 reflèteront cette nouvelle forme de pastorale. "Si nous n'avançons pas vers l'avenir, nous risquons de gaspiller beaucoup d'énergie", note Mgr Gmür à propos de ces nouvelles structures. Déjà en 2015, un accent particulier devrait être mis sur les unités pastorales. L’évêque qualifie les structures actuelles de point culminant (Highlight). Mais elles sont toujours plus remises en question là où tout ne tourne pas rond. Il se réjouit toutefois que la base des fidèles collabore de manière très engagée.
Focus sur la pénurie de prêtres
Fin 2014, l'évêque auxiliaire de Bâle, Mgr Martin Gächter, est parti à la retraite. La procédure pour sa succession n'a pas encore débuté, indique l'évêque. "Je dois vraiment prendre au sérieux le fait que nous avons toujours moins de prêtres. Au sein de la Conférence des évêques suisses (CES), nous travaillons néanmoins très intensément sur des solutions à ce problème", assure Mgr Gmür. Un nouvel évêque auxiliaire n'apporterait probablement pas l'allègement de travail désiré. Une possibilité serait d'atteindre cet allégement à travers un "partage des tâches différent", note l'évêque de Bâle. "Nous ne devons pas trop nous charger (administrativement, ndlr.), sous peine de ne plus pouvoir réaliser notre devoir pastoral", souligne-t-il.
N'exclure personne
Le récent Synode des évêques sur la famille a confronté l'Eglise catholique à la réalité concernant la vie en commun chez de nombreuses personnes. Pour beaucoup de jeunes gens, le mariage représente toujours un idéal, rappelle Mgr Gmür. "Même si c'est un idéal que l'on ne peut pas toujours atteindre". L'évêque assure ne pas être quelqu'un qui "condamne et ferme les portes". Il considère que "nous devrions peut-être apprendre, en tant qu'Eglise, qu'un mode de vie idéal est également soumis à un processus".
Le plus compliqué est ce qu'il convient de faire dans le cas d'une relation qui n'a pas réussi. Cela se reflète habituellement dans l'accès aux sacrements. Il est important que les personnes concernées n'aient pas l'impression d'être de facto excommuniées", souligne Mgr Gmür. (apic/gs/rz)