De grands défis pour la nouvelle équipe
vu dans Le Journal du Jura du 9 septembre 2016
La paroisse francophone de Bienne et de ses environs accueille deux nouvelles personnes et forme désormais avec La Neuveville une unité pastorale à part entière
Emmanuel Samusure, François-Xavier Gindrat, Patrick Werth et Yannick Salomon (de g. à dr.) forment l’équipe pastorale de Bienne-La Neuveville. Photo Christiane Elmer
L’abbé François-Xavier Gindrat fait les comptes. «Nous devons être une dizaine de prêtres de mon âge dans l’ensemble du diocèse de Bâle. C’est très peu», constate-t-il. Agé de 33 ans, cet enfant de Porrentruy, qui a grandi dans une famille de catholiques pratiquants, estime que l’Eglise se retrouve aujourd’hui confrontée à un problème de relève. Comment l’explique-t-il ? « Devenir prêtre n’est pas forcément évident pour un jeune. Il y a bien sûr la question du célibat, qui est très importante, mais aussi celle de la charge de travail. Nous devons nous demander si les prêtres ne se sentent pas d’une certaine manière étouffés ? », se questionne-t-il.
Ordonné prêtre en 2011 à Porrentruy, François-Xavier Gindrat vient tout juste de poser ses valises à Bienne après avoir passé les six dernières années dans la paroisse de Delémont – dont la première en tant que diacre. Il y a rejoint une paroisse catholique francophone de Bienne-La Neuveville qui enregistre le départ à la retraite de l’abbé Nicolas Bessire.
La nouvelle équipe pastorale est composée de quatre personnes: les abbés Patrick Werth et François-Xavier Gindrat, l’animateur pastoral Emmanuel Samusure ainsi que l’assistant pastoral Yannick Salomon, lui aussi fraîchement débarqué. «Avec deux prêtres et deux laïcs, chacun peut désormais trouver quelqu’un qui lui ressemble», est convaincu le nouveau curé.
Synergies avec La Neuveville
Autre nouveauté: la nouvelle équipe pastorale ne sera plus uniquement responsable de Bienne et de ses environs, mais également de La Neuveville et du Plateau de Diesse. « Nous allons développer des synergies et regrouper nos forces, mais les deux paroisses restent indépendantes. Pour Bienne, cela ne change presque rien. Pour La Neuveville, le changement est davantage symbolique qu’autre chose. Les messes, par exemple, seront maintenues», note Yannick Salomon, répondant de l’équipe pour La Neuveville. « L’un de nos défis est de former une véritable unité pastorale entre les deux paroisses. Pour cela, nous devons donc faire passer le message aux fidèles qu’il s’agit d’un projet commun et que nous tirons tous à la même corde », poursuit le Jurassien de 50 ans.
Le nouvel assistant pastoral rêve de voir se développer une vraie fraternité entre tous les chrétiens de la région. Il les appelle pour cela à quitter leur «moi-je» pour créer davantage de liens. « Tout ce qui coupe le lien social représente une forme de pauvreté: la solitude, la maladie, la honte, les séparations au sein d’une famille. C’est un domaine où il y a un grand travail à effectuer», indiquet-il tout en précisant de ne pas avoir de solutions toutes faites. « Je suis convaincu que plus il y aura de partages au sein de la société, mieux les gens se porteront.»
Les deux nouveaux venus, qui se voient comme « des généralistes qui accompagnent les gens du début à la fin de leur vie », envisagent ainsi de mettre sur pied des cafés partages pour favoriser les échanges et les rencontres.
Pour François-Xavier Gindrat, l’un des défis majeurs de la nouvelle équipe sera aussi de former une véritable communauté chrétienne avec des gens qui viennent d’horizons divers. « Cela va me changer de Delémont, où les fidèles étaient surtout des gens du coin », sourit-il. « A Bienne, ils sont plus jeunes et tous ne parlent pas forcément le français ou l’allemand. L’Eglise doit trouver un moyen de leur parler», développe-t-il.
«Pratiques automates»
Le jeune abbé appelle également à une responsabilisation des chrétiens et à l’abandon de ce qu’il décrit comme les « pratiques automates ». « Etre chrétien, ce n’est pas seulement se rendre à la messe le dimanche, c’est surtout être présent pour son prochain dans toutes les situations. » Et de conclure par une réflexion plus générale : « A l’avenir, nous devrons réfléchir comment unifier une communauté en sachant que nous serons toujours moins de prêtres et d’agents pastoraux. Nous devons aussi casser l’image d’une Eglise vieillissante et quelque peu poussiéreuse. »
L’installation canonique de la nouvelle équipe a eu lieu dimanche en l’église du Christ-Roi à Bienne. Elle sera suivie d’une présentation ce dimanche à 10h en l’église Notre-Dame de l’Assomption à La Neuveville.
Christian Kobi – Le Journal du Jura du 9 septembre 2016