Jura Pastoral

Quand les mariés oublient l'Eglise

Société - Mariages à 30'000 francs et rien pour l'Eglise

Vu dans Le Quotidien Jurassien du 10 août 2016

La saison des mariages et des banquets fastueux bat son plein. Il y a une dizaine d’années, les époux investissaient en moyenne 30 000 fr. pour la fête en Suisse.
«Aujourd’hui, le budget a augmenté pour une célébration avec 100 invités», témoigne une organisatrice de mariage.

Mariage à l'église - filtre peinture à l'huile À Genève, le coût d’un mariage religieux est évalué à 1400 fr. Dans le Jura, les mariés membres d’une communauté paroissiale et qui paient leurs impôts n’ont rien à ajouter.

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Le couple paie au minimum 2000 fr. pour la robe, 1700 fr. pour les fleurs, 1200 fr. pour le DJ, 15 000 fr. pour le repas, et s’il s’agit d’une cérémonie laïque, 2000 fr. pour le célébrant (selon le tarif de l’association des célébrants professionnels).

À votre bon vouloir

Et pour une cérémonie religieuse? C’est au bon vouloir des mariés. Or, «il arrive qu’ils ne donnent rien», témoigne avec gêne un prêtre neuchâtelois. «Ils oublient que l’Église n’est pas subventionnée dans notre canton. Et ils ne sont pas conscients des frais, des heures de travail», explique-t-il. «Cela fait un peu bizarre quand on apprend au vin d’honneur que le photographe est défrayé 1700 francs.»

Plusieurs prêtres et pasteurs évoquent des expériences similaires, avec la même difficulté d’aborder une question aussi triviale à l’occasion d’un événement aussi spirituel. «Les mariés paient pour la location du temple (300 fr. par exemple) ainsi que pour l’organiste, et pensent avoir réglé la cérémonie. Ce n’est pas évident de parler de salaire», admet l’un d’eux.

Pas comme dans le Jura

Contrairement aux cantons du Jura, de Berne et de Fribourg où les Églises bénéficient de l’impôt ecclésiastique obligatoire, les Églises neuchâteloises et genevoises financent les salaires de leurs ministres grâce aux contributions volontaires et aux dons. L’Église réformée de Neuchâtel a dû diviser son nombre de pasteurs par deux depuis 2003 (de 120 à 60) pour des raisons économiques. Celle de Genève, qui occupait 60 équivalents plein temps en 2012, n’en gardera plus que 40 en 2020.

Ni l’Église cantonale, ni les paroisses ne souhaitent vérifier si les futurs époux font partie de leurs contributeurs réguliers. «Ce ne serait pas élégant et la question financière doit rester secondaire. Mais lors de la préparation, le pasteur est censé évoquer le don», explique Alexandre Deruaz, codirectrice de l’Église protestante de Genève. « Nous avons chiffré le coût réel d’un mariage. Si l’on inclut la préparation de plusieurs semaines ou mois avec le couple, le travail du pasteur revient à plus de 1400 francs.»

Sensibilisation aux dons

L’Église a fait une campagne de sensibilisation il y a une dizaine d’années. L’année dernière, quasiment une union sur trois a été accompagnée d’une donation. Un record, alors que les chiffres fluctuent d’une année à l’autre. Mais le montant moyen, lui, n’augmente pas, au contraire: ces cinq dernières années, ceux qui ont effectué un versement à l’Église genevoise après leur mariage ont donné en moyenne 670 francs. Du côté de l’Église évangélique de Neuchâtel, ni le nombre, ni le montant des dons par mariage n’est répertorié. Mais la discussion revient de plus en plus souvent sur l’opportunité de facturer les unions, note un pasteur neuchâtelois. À l’heure actuelle, le Synode résiste à la tentation de faire payer un acte ecclésiastique, et privilégie la sensibilisation, comme à Genève.

Sandrine Hochstrasser

Jura pastoral: on ne demande rien aux paroissiens

L'abbé Jean Jacques Theurillat, vicaire épicopal L'abbé Jean Jacques Theurillat, vicaire épicopal
  • Les paroissiens du Jura ou du Jura bernois n’ont pas à payer l’Église pour leur mariage pour autant qu’ils appartiennent à la communauté ecclésiastique et paient un impôt paroissial. C’est valable pour les catholiques et les réformés. Jean Jacques Theurillat, vicaire épiscopal: «Il n’y a aucune demande de frais pour l’organisation d’une célébration de mariage. Il arrive que les couples donnent quelque chose spontanément. Cela est mis dans un fonds d’entraide. Il peut y avoir des cas où des communes ecclésiastiques demandent des frais de location ou d’engagement de sacristains par exemple, quand les mariages ont lieu à un endroit absolument pas lié aux mariés. C’était par exemple le cas à Saint-Ursanne, dont on apprécie le cadre. Pour éviter que tous les frais d’utilisation de l’église soient portés par la communauté locale, on demande des frais pour la réservation de l’église. C’est au libre choix des communautés ecclésiastiques.»
  • À noter que les mariages à l’Église sont en forte diminution. Une évolution liée à la baisse du nombre de mariages civils, condition nécessaire au mariage religieux, souligne l’abbé Theurillat. En outre, il n’est pas possible de se remarier à l’Église catholique en cas de divorce, contrairement à l’Église réformée. «Dans le mariage catholique, on s’engage pour toute la vie. On ne peut donc pas se remarier par la suite», explique le vicaire épiscopal. Si un couple mixte se marie à l’Église réformée, son mariage ne sera reconnu par l’Église catholique que s’il s’engage par écrit à respecter la règle catholique. GM

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