« Tenez-vous prêts ! »
La troisième veillée-témoignages – ultime rendez-vous de Fête-Eglise – a eu lieu le dimanche 5 octobre 2014 à la salle paroissiale de Saignelégier, dans les Franches-Montagnes. Trois personnes, avec des parcours de vie très différents, ont livré leur témoignage avec une sincérité qui a captivé l’auditoire.
Animée par France Crevoisier, en présence de l’abbé Jean Jacques Theurillat, vicaire épiscopal pour le Jura pastoral, la troisième veillée-témoignages de Fête-Eglise a rassemblé près de 80 personnes à la salle paroissiale de Saignelégier. « Une fois encore, cet ultime rendez-vous de Fête-Eglise permet de cultiver le « vivre ensemble » prôné par les Orientations pastorales à travers le témoignage ». Membre du comité d’organisation de Fête-Eglise et animatrice de cette veillée-témoignages aux Franches-Montagnes, France Crevoisier a questionné les trois témoins invités à ce moment de partage sur le parcours de leur vie familiale, professionnelle ou spirituelle.
Se laisser transformer
Despina quitte sa Grèce natale en 1975 pour s’installer à Boncourt : « Je ne savais pas un mot de français et je n’avais pas le sentiment d’être la bienvenue. Mais j’ai trouvé la force d’aller de l’avant ». Des années plus tard, mariée et maman de deux grands enfants, cette femme de religion grecque orthodoxe décide d’aller à pied jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle avec un compagnon de route. En 2010, après deux ans de préparation pour réunir l’argent nécessaire et convaincre son entourage familial et professionnel, Despina entame son pèlerinage de 4500 km (aller et retour) en Espagne : « Le plus dur a été de partir en sachant que je ne serais pas la pour la naissance de ma deuxième petite-fille ». A l’entendre, ce périple de cinq mois l’a enrichie : « Je ne peux pas dire que ce voyage a changé ma vie, mais il m’a transformé, moi. J’ai appris à relativiser les choses, je suis devenue plus calme, plus patiente aussi. Je suis davantage à l’écoute des autres ». Pour la petite histoire, la longue marche de Despina a aussi contribué a mener à bien un projet de son employeur, la Fondation Pérène : « le Centre jurassien de pédagogie et d'éducation spécialisées cherchait des fonds pour aménager un chemin des droits et des devoirs de l'enfant entre Saulcy et la Ferme de la Combe es Monin. Du coup j’ai vendu mes kilomètres au profit de cette institution ».
Aujourd’hui, la cinquantaine bien entamée, Despina habite à Cœuve, au cœur de l’Ajoie… toujours prête à rendre service !
Sur le terrain
Active au sein de sa paroisse, notamment dans le Conseil des Orientations pastorales (CdOp), l’organisation du jeûne en Carême, les visites des veufs et veuves, le Groupe biblique ou l’Espace Jeunes des Franches-Montagnes, Françoise ne s’est pas spécialement préparée pour livrer son témoignage : « mariée, amoureuse, mère de deux enfants, c’était une vie d’apparence. A 34 ans tout bascule : un cancer opéré deux fois m’entraîne dans une profonde dépression. Puis, alors que j’avais l’impression d’être dans un tunnel de la mort, je me suis vue vivante ». Sur ce chemin douloureux, Françoise a l’occasion d’aller se ressourcer dans un foyer religieux. Cette démarche spirituelle la remet debout. Françoise ressent le besoin de voir les gens, de les aider, de les écouter surtout. Elle trouve un emploi de femme de ménage à l’hôpital de Saignelégier puis, encouragée par son directeur elle enchaîne les formations d’aide-soignante, d’infirmière-assistante et d’infirmière. « Aider les autres, c’est aussi faire Eglise. Souvent, lorsque j’étais auprès d’un patient, je me disais « et si c’était le Christ en face de moi »… avec ce regard là, la relation n’est plus la même ».
Alors qu’elle peut envisager de prendre sereinement une retraite bien méritée, Françoise doit encore affronter une épreuve : « à 58 ans mon mari a commencé de souffrir de troubles de la mémoire. On sait que la maladie d’Alzheimer va progresser, ses souvenirs s’effacent, son état se dégrade, mais on avance ensemble. Aujourd’hui, plus que jamais, j’ai besoin de partager ma foi sur le terrain… faire Eglise, mais pas dans les églises. »
La Providence
A la fin de sa scolarité obligatoire, Pascal voulait devenir dessinateur publicitaire : il se retrouve garçon de salle à l’hôpital de Porrentruy. Là, dans un petit service de médecine-gériatrie, c’est le déclic. A dix-huit ans, il entame une formation d’infirmier-assistant. Son diplôme en poche il exerce dans plusieurs homes neuchâtelois. Marié et père de deux enfants, Pascal dessine toujours, il expose aussi. A la fin des années 80, il dépose sa blouse blanche et devient dessinateur de presse à La Feuille d’Avis de Neuchâtel (aujourd’hui L’Express). A la rédaction, il s’initie à l’infographie et suit les cours de Centre romand de formation des journalistes (CRFJ) à Lausanne. A partir de 2003, sa carrière alterne aventures éditoriales et les périodes de chômage. En janvier 2011, il est engagé à 40% par le Centre pastoral du Jura à Delémont, pour aider la responsable du Service d’information catholique (SIC) : « J’ai dû apprendre tout un vocabulaire propre à l’Eglise. » Le 14 juin 2011, Pascal a un très grave accident de moto : « la Providence a voulu que je survive, que je puisse voir mes petits-enfants et que je rencontre la femme de ma vie. » Aujourd’hui Pascal habite à Delémont. Il est responsable du SIC et rédacteur en chef périodique du Jura pastoral, lebulletin.ch. « Mon travail m’amène dans les églises, mais quand je veux aller me recueillir je vais à la chapelle du Vorbourg. Je cultive ma foi à travers mon travail et j’aime emprunter cette phrase de Mgr Felix Gmür : « je crois fermement qu’en fin de compte c’est Dieu seul qui nous amène là où c’est bien pour nous ».
Temps d'envoi
Au terme des témoignages et après un moment de convivialité autour d’une collation offerte par la paroisse de Saignelégier, l’abbé Jean Jacques Theurillat a encore animé un temps de prière afin de marquer la fin de cette édition 2013-2014 de Fête-Eglise. « Il s’agit maintenant d’entretenir la flamme des objectifs qui ont été mis en place. Se tenir prêt c’est être disponible pour se laisser surprendre, laisser la Providence nous conduire. »