3e messe "d'avent" Noël radiodiffusée depuis Montfaucon
Dimanche 16 décembre, troisième dimanche du temps d'avent, aura lieu la troisième messe radiodiffusée depuis l'église Saint-Jean-Baptiste à Montfaucon, aux Franches-Montagnes. A 9h06, juste après le bulletin d'informations d'Espace 2, c’est l’abbé Jean-Pierre Barbey qui présidera cette célébration, accompagné par le diacre Didier Berret, prédicateur de cette série de messes "d'avent" Noël. L'animation musicale sera assurée par la chorale Sainte-Cécile du Noirmont-Les Bois dirigée par Catherine Perregaux, de La Chaux-de-Fonds, accompagnée par Marc Erard à l’orgue et un groupe de flûtistes mené par Florentin Manetsch. Pour la RTS, la messe sera présentée et commentée depuis la régie installée dans la sacristie par Laurence Desbordes.
Retour sur la messe du 9 décembre
Ci-dessous, un retour en images sur la messe de dimanche dernier, présidée par l’abbé Jean-René Malaba, avec Didier Berret pour l'homélie (à lire ci-dessous). Le 9 décembre, vu le nombre de chanteuses et chanteurs, les chorales de Saint-Brais et Saignelégier dirigées par Joseph Queloz, sont descendues du balcon pour s'installer derrière l'autel. Pour l'occasion, les Sainte-Cécile étaient accompagnées par le jeune organiste François Lopinat, de Courgenay, et le violoncelliste Georg Fidler.
Un "baptême" d'antenne particulier
Pour la RTS, la messe était présentée et commentée par Bernard Litzler et Davide Pesenti, un nouveau journaliste radio qui animait pour la première fois une messe radiodiffusée. Pour le nouvel animateur, ce direct depuis Montfaucon a été marqué par un "incident" plutôt rare...
Alors que la célébration aux Franches-Montagnes arrivait dans sa phase finale, au siège de la RTS à Lausanne, les techniciens d'Espace2 ne parvenaient pas à établir la liaison avec les animateurs de RTS-Religion installés dans la cathédrale de Lausanne pour présenter le culte protestant en direct à 10 heures...
Bernard Litzler est sorti précipitamment de la sacristie et a traversé toute l'église pour monter sur la tribune: "Il fallait absolument rallonger la messe de quelques minutes afin de permettre à la régie de Lausanne de dénicher un culte de remplacement. Je suis donc allé demander à l'organiste d'ajouter un morceau au répertoire prévu. Normalement, pour une messe radiodiffusée, tout est minuté et rien ne doit déborder. L'homélie ne doit pas dépasser les huit minutes et pour la musique et les chants, c'est 20 à 25 minutes maximum, sinon on sort des clous! Sauf qu'aujourd'hui on n'avait pas le choix", dit en souriant le directeur de cath-info. Et voilà pourquoi les auditeurs d'Espace2 ont pu entendre une version inédite d'Hallelujah, la chanson de Leonard Cohen revisitée par François Lopinat et Georg Fidler, orgue et violoncelle.
Dans l'église, personne ne s'est rendu compte de ce qui se passait. Didier Berret a pris congé des auditeurs en saluant les réformés rassemblés à la cathédrale de Lausanne sans savoir que le culte diffusé après la messe de Montfaucon avait été enregistré fin janvier 2006 au temple d'Onex :-)
"Pour les messes des quatre dimanches de l'avent et celle du jour de Noël, nous avons loué spécialement une ligne chez Swisscom. Les célébrations aux Franches-Montagnes sont donc transmises par téléphone à la régie de Lausanne qui se trouve à 120km de Montfaucon. A contrario, à Lausanne, la transmission entre la cathédrale et la radio se fait par internet, c'est à ce niveau là qu'il y a eu un problème", regrette Bernard Litzler.
Pour son "baptême" d'antenne, Davide Pesenti, a été gâté... "ça c'est fait !" dit-il en riant. "Heureusement qu'ici tout a bien fonctionné". Théologien, ancien assistant pastoral dans le diocèse de Coire, diplômé en sciences liturgiques, Davide Pesenti entame avec enthousiasme sa formation de journaliste radio. Né en 1982, dans le Val Mesolcina, une vallée italophone des Grisons, Davide s'exprime avec un accent particulier, transalpin... c'est que ce jeune homme parle les quatre langues nationales : un atout majeur pour travailler dans un média helvétique !
Marié à une delémontaine, Davide est aussi un peu jurassien de cœur... mais ça, c'est une autre histoire.
Pascal Tissier
En régie avec Bernard Litzler, directeur de Cath-Info
Lecture du film = 3'30
Les photos du 9 décembre, deuxième dimanche de l'avent
Deuxième dimanche d’avent C - 2018
Homélie de Didier Berret, le 9 décembre 2018 à Montfaucon pour la messe radiodiffuséee
Tandis que trônent les grands de ce monde en l’an 15 de l’empereur Tibère, un homme se lève, quitte Jérusalem et se met en route. Il ne part pas n’importe où. Jean le Baptiste parcourt la région du Jourdain, la longue frontière à l’est du pays. Ce n’est pas très peuplé, mais c'est un haut lieu de l’histoire du peuple d’Israël. C'est là que jadis, après 40 ans d’exode les tribus sont entrées en Terre Promise. C'est par là que le peuple d’Israël a été expulsé de cette même terre par les armées de Nabuchodonosor au moment de son exil forcé à Babylone. C'est par là encore que 50 ans plus tard les rescapés de cet exil et leurs descendants sont rentrés à la maison. Le Jourdain est la porte d’entrée de la Maison d’Israël, le seuil de la Terre Promise. Jean Baptiste se déplace donc au lieu où se tient en quelque sorte le maître de maison, là où se trouve aussi le père prodigue de la parabole. L’un et l’autre scrutent l’horizon, ils attendent que le fils, que le peuple reviennent à la maison. Le veau gras des noces mijote ! Jean le Baptiste part à la frontière comme pour rappeler à ses contemporains - qui habitent le pays - ! qu’il y a d’autres formes d’exil : tout ce qui éloigne l’homme de Dieu, et le conduit loin de lui-même.
La parole de Jean n’invente pas, mais situe. Il reprend la parole de ses prédécesseurs les prophètes Baruc dont nous avons lu un extrait et Isaïe qu’il cite. Il ne le cite pas pour faire du genre ou exhiber sa culture biblique. En le citant, il convoque les auditeurs au même endroit : c'est comme au temps d’Isaïe au moment du retour d’exil, vous vous souvenez ? Il s’agit aujourd'hui de se préparer de la même manière... autrement dit se convertir signifie se préparer pour les retrouvailles ; lève-toi, mets-toi en route, comme le fils prodigue, reviens vers ton Père et porte ton regard sur celui qui t’espère.
Abaissez les montagnes, comblez les ravins, construisez des chemins, demandaient Baruc et Isaïe... Autrement dit : enlevez ce qui vous borne la vue, ce qui vous bouche l’horizon, sortez des ravins qui vous enferment, des trous qui isolent, regardez plus loin, plus haut.
Un ami m’a partagé, il n’y a pas longtemps, qu’il avait découvert à 50 ans un truc pour aller mieux : lorsqu’il marche au lieu de regarder en bas, il s’applique à relever la tête et à regarder au loin !
Se convertir résonne alors comme un appel à regarder plus loin, à contempler et espérer celui qui nous attend. La partie du livre d’Isaïe citée par Jean-Baptiste s’appelle le livre de la consolation. Consolez, consolez mon peuple, dites-lui que c'est bon, que je ne lui en veux pas, dites-lui de revenir... Se convertir consiste d'abord à redécouvrir à quel point Dieu veut nous consoler, nous rétablir, nous remettre debout.
Peut-être à la première écoute de l’évangile d’aujourd'hui ou de manière générale dans notre monde lorsque l’on parle de conversion, peut-être qu’il y a quelque chose qui résiste un peu, quelque chose qui apparaît comme une forme de contrainte ou de menace. Peut-être voyez-vous comme moi surgir devant vous le prophète Philippulus. Vous vous souvenez dans l’Etoile mystérieuse de Tintin de ce vieux fou qui vient, lugubre avec son tambourin casser les oreilles des foules et que personne n’écoute ?! L’appel à la conversion de ce genre de faux prophètes ne résonne qu’en termes de peur et de catastrophe.
Jean-Baptiste en disant exactement la même chose tient un tout autre langage. A cause des lieux où il se trouve : le Jourdain et le désert. Le Jourdain comme le lieu du retour, le désert comme le lieu des fiançailles. Se convertir ressemble alors à se réjouir de la rencontre qui s’annonce. Se convertir consiste à préparer les noces. Convertissez-vous ! Mettez dans vos cœurs le désir de rencontrer Celui qui vient, faites-vous beaux pour l’accueillir. Comme on rend la maison propre et belle pour ceux qu’on aime, comme on prend du temps et du soin pour préparer la chambre du nouveau-né...
Quitte ta robe de tristesse, drape-toi du manteau de droiture qui t’arrive de Dieu, mets sur ta tête une couronne de roi. Baruc, le béni, clame de cette magnifique manière l’appel à la conversion.
L’exil, le péché, est ce qui fait oublier la dignité des fils de Dieu... Certaines voix du monde nous mettent en exil de la beauté que Dieu dépose en nous... Elles nous font croire qu’il faut avoir toujours plus, elles nous racontent que nous ne sommes pas rentables, elles nous jettent du bling bling et de la poudre aux yeux, elles crient qu’on ne sert à rien, que la vie n’a pas de sens, qu’on perd sa dignité dès que l’on perd son indépendance... Ces voix exilent la joie de la Présence !
Lève-toi ! Reviens. L’ami de l’époux, Jean-Baptiste t’appelle à venir préparer les noces et à rendre belle une place pour qu’y demeure le Christ Sauveur.