Traverser une crise sanitaire grave et planétaire suscite des questions et des doutes sur les modèles de vie, de conduite, et d'échanges imposés par les mécanismes de la mondialisation. A travers sa méditation, le Rencar rappelle que la lueur de l'espoir est le rempart indivduel et collectif qui préserve du néant et ouvre un espace à de nouveaux lendemains.
Le vieux sage et le paysan
Dans un village du fin fond de l’Asie vivait un vieux sage. Les habitants avaient pour habitude de le consulter pour lui soumettre leurs problèmes, et d’écouter ses conseils avisés. C’était un homme aimé et respecté de tous. Un jour, un paysan du village vint le voir, affolé. L’unique bœuf qu’il possédait pour l’aider à labourer son champ était mort dans la nuit. Eploré, il se lamentait sur ce qui lui semblait être la pire des catastrophes. « Peut-être que oui…peut-être que non… » se contenta de dire le sage d’une voix douce. Ne sachant que penser de cette réaction, le paysan s’en alla, perplexe.
Quelques jours plus tard, il revint fou de joie. Il avait capturé un jeune cheval sauvage et l’avait utilisé pour remplacer son bœuf et tirer la charrue. L’étalon fougueux facilitait les labours, tant il était vif. Le paysan dit au sage : « tu avais raison. La mort de mon bœuf n’était pas la pire des catastrophes. Ce cheval est une bénédiction. « Peut-être que oui…peut-être que non… » répondit le penseur avec douceur et compassion. En partant, le paysan se dit que décidément le vieux sage était un homme curieux, puisqu’il n’était pas capable de se réjouir avec lui de sa bonne fortune.
Mais quelques jours plus tard, le fils du paysan se cassa la jambe en tombant du cheval et dut s’aliter pendant plusieurs jours. L’homme retourna voir le sage pour pleurer sur cette nouvelle calamité. Son fils allait être immobilisé pour les moissons et il craignait que sa famille meure de faim. « Quel malheur ! » répétait-il. « Peut-être que oui…peut-être que non… » opina tranquillement le vieux sage. « Décidément, tu ne sais dire que cela » s’énerva le paysan. Si c’est là tout le réconfort que tu me donnes, je ne viendrai plus te voir ! » Et il sortit tout à sa colère.
C’est alors qu’une terrible nouvelle se répandit dans le pays. La guerre venait d’éclater. Des troupes de soldats vinrent enrôler tous les jeunes hommes valides. Tous ceux du village furent contraints de partir vers une mort probable au combat. Tous, sauf le fils du paysan, toujours blessé. Ce dernier retourna une nouvelle fois chez le sage. « Pardonne-moi » implora-t-il. J’ai passé mon temps à me lamenter sur ce qui m’arrivait et à imaginer les pires catastrophes, alors que rien de tout cela ne s’est produit. Au lieu de rester calme, j’ai paniqué et je t’ai maudit, Je sais aujourd’hui qu’il est vain d’imaginer l’avenir, car on ne sait jamais ce que le futur nous réserve. Il faut garder espoir, tant il y a toujours de pires malheurs que le sien. Enfin…peut-être que oui…peut-être que non… ».
Brève méditation
Dans les moments particuliers que nous traversons liés à cette crise causée par le coronavirus, il est légitime de se demander ce qui sortira de cette période. Ce confinement imposé, ces commerces et écoles fermés, cette économie au ralenti, cette distance sociale imposée changent la vie de nous tous et nous obligent à trouver des stratégies pour passer au mieux ce temps dont nous ne savons pas combien il durera.
Est-ce un bien, est-ce un mal? Peut-être que oui, peut-être que non…
Vivre au ralenti nous invite à l’introspection, le manque de contacts sociaux directs nous pousse à développer notre créativité pour garder différemment le lien avec nos proches, ce qui semblait important auparavant dans notre consommation quotidienne se trouve brusquement relégué à quelque chose d’accessoire. Nous conscientisons que l’économie à l’échelle mondiale a ses limites et qu’il est préférable de penser local, s’approvisionner et fabriquer local.
De cette crise naîtra peut-être un monde plus respectueux de la terre et de ses richesses, plus solidaire et plus basé sur les relations que sur le profit. Peut-être que oui, peut-être que non….
Mais rêvons-le, espérons-le, serrons-nous les coudes et contribuons, par des petits gestes gratuits et bienveillants distribués autour de nous, à tisser une chaîne d’amitié et d’amour qui nous relie au plus Grand.
Pour participer aux méditations du Rencar, contacter Jean-Charles Mouttet, diacre: info@rencar.ch +41 79 775 33 88