Dans le cadre de la foi chrétienne, la vocation est un appel unique et personnel de Dieu inscrit en chaque être humain. C’est l’appel à vivre d’une manière particulière en réponse au sacrement du baptême que nous avons reçu. Pour y parvenir, plusieurs chemins s’offrent à nous. Le mariage, la prêtrise, le diaconat, la vie religieuse, la consécration des vierges et le célibat laïque. Nulle vocation n’est plus importante qu’une autre et chacune a son importance par rapport aux autres.
La vocation, ce n’est pas faire une carrière qui consiste à décrocher une belle place et à bien gagner sa vie. La vocation, c’est une vie en relation avec Dieu et avec son peuple. Elle suppose du discernement, de la prière, de la joie, et une décision à vie d’aimer. Aimer Dieu, s’aimer soi-même et aimer les autres.
Chaque personne est appelée mystérieusement par Dieu à lui répondre en donnant sa vie. Elle est ainsi associée au mystère pascal de Jésus, au passage vers une vie en plénitude.
Précisons que, dans l’Eglise catholique, toute vocation personnelle à un engagement professionnel dans l’Eglise doit être authentifiée. Une telle vocation s’accomplit par l’Eglise : c’est à son service que le candidat est consacré et c’est par son intermédiaire qu’il reçoit la vocation du Seigneur. Il appartient donc à l’évêque ou au supérieur religieux de reconnaître cette vocation et d’examiner les aptitudes du candidat.
Abbé Antoine Dubosson
Oui à leur vocation diaconale
Réjouissons-nous ! Le 11 mai prochain, Nicolas Godat, membre de l’équipe pastorale de Saint-Germain, et Daniel Lattanzi (Bienne) recevront l’ordination diaconale des mains de l’évêque de Bâle, Mgr Félix Gmür. Cette double ordination se déroulera à 15 heures en l’église du Christ-Roi à Bienne.
Né en 1977 au Noirmont, Nicolas Godat a vécu sa jeunesse aux Franches-Montagnes. Il s’oriente d’abord dans le domaine technique. Patrick Godat, son cousin et Philippe Charmillot éveillent en lui le désir de s’engager en Eglise. Or, pour travailler en tant que professionnel dans le diocèse de Bâle, deux possibilités s’offrent aux candidats. La première est l’IFM (Institut de formation aux ministères) à Fribourg. Après un cursus de trois années (2007 à 2010) à raison de deux jours par semaine, Nicolas obtient son diplôme d’animateur pastoral.
Peu avant le COVID, la diaconie commence à s’imposer à lui. Son épouse Maud l’encourage à se lancer dans de nouvelles études. Pas simple avec une famille (deux enfants : Garance et Théo) et un emploi en pastorale. Ce seront trois années universitaires durant lesquelles Nicolas suivra deux jours par semaine les cours de théologie (fondamentale, dogmatique, morale et pastorale). Avec ses 90 ECTS (crédits universitaires) et son parcours en pastorale, le voilà prêt à recevoir son ordination. Le 11 mai prochain, son épouse Maud donnera son consentement à l’évêque. Nicolas recevra l’étole, symbole de son entrée dans les ministères ordonnés. Toute l’Unité pastorale Saint-Germain s’en réjouit.
Entretien avec Nicolas Godat
Vous savez détecter la vérité comme le mensonge. D’où vous vient cette intuition et comment la pratiquez-vous ?
Depuis mon enfance, j’essaie de comprendre les autres et leur fonctionnement. Petit, je trouvais que le « Petit Nicolas » de René Goscinny me ressemblait. Avec le temps, je crois que j’ai gardé cette curiosité, cet intérêt pour l’humain. La vérité et le mensonge font partie de la communication. Il y a des petits mensonges courants qui n’ont pas grand impact, quand nous répondons que nous allons bien alors que nous sommes fatigués. Il y a des plus gros mensonges, volontaires, conscients qui ont pour mission de déformer les choses ou les cacher. Evidemment cela fausse la relation et mène les discussions dans des impasses. Cette intuition me vient probablement de ma curiosité pour les autres et je la mets à profit pour avoir des discussions ajustées, approfondies. Cela demande de la prudence, il faut aller au rythme des gens…
Vous êtes l’homme des situations délicates qui vous attirent parfois de façon impérative. Comment ressentez-vous ces appels ?
Je suis un homme de médiation, qui n’aime pas les conflits. Il y a dans le monde des personnes qui sont directives, qui avancent vite, malgré les dégâts collatéraux. Généralement ces « leaders » doivent être tempérés pour ne pas faire trop de dégâts et se trouver esseulés. C’est là que j’interviens, dans la médiation avec celles et ceux qui sont plus suiveurs. Il y a des personnes qui sont intolérantes au gluten, au lactose, moi, je suis intolérant à l’injustice !
Une situation « délicate » peut aussi être liée à la souffrance, quelle qu’elle soit (deuil, trouble, addictions, enfermement…) Dieu nous demande de prendre soin de ces personnes. C’est une mission essentielle pour l’Eglise qui doit devenir toujours plus diaconale. Ces appels retentissent dans mon être profond. C’est parce que je réponds à ces appels que je suis devenu agent pastoral, puis, prochainement diacre.
D’où vous vient l’inspiration de vos homélies lors de funérailles ou de fêtes particulières ?
C’est une mission importante, vraiment à ne pas minimiser. Cela se travaille, aussi dans le temps. Parfois l’inspiration vient tout de suite, en visitant la famille, j’ai déjà des pistes et parfois, je dois laisser mûrir, dans la prière, les divers éléments. Je suis convaincu qu’une bonne homélie est empreinte de l’Esprit Saint. Je ne pense pas être capable de faire une excellente prestation, mais je suis capable de faire suffisamment de place à l’Esprit, afin qu’il me donne les mots justes, les bonnes phrases qui rejoignent les cœurs de celles et ceux à qui ils sont adressés ! Il m’est arrivé d’avoir tout préparé et qu’en lisant, je parte sur une autre idée, sur ce qui est juste et bon pour les personnes présentes. Je ne me présente jamais insuffisamment préparé pour des funérailles ou une grande fête, car une préparation minutieuse permet une certaine liberté donnée à l’Esprit.
Vos prières de guérison sont efficaces. Sont-elles assorties d’autres grâces ?
La prière est efficace… c’est certain ! Dans la première lettre aux Corinthiens, chapitre 12 Saint Paul précise : « A chacun est donnée la manifestation de l'Esprit en vue du bien de tous ». On me demande régulièrement de prier pour la guérison de malades et souvent, cela fonctionne. Je prie beaucoup, certain de la toute-puissance de l’amour de Dieu en vue du bien de tous.
Je suis quelqu’un de sensible, très ouvert au monde, tant visible qu’invisible. Le Symbole de Nicée-Constantinople (notre credo) parle bien de l’existence d’un univers visible et invisible. L’action de l’Eglise dans l’univers visible se traduit par exemple dans la diaconie, quand elle soutient la vie des pauvres matériellement.
Son action dans le monde invisible est d’un autre ordre, quand elle demande la bénédiction de Dieu sur une maison, lorsque la grâce est reçue dans les sacrements ou dans tout ce qui ne se mesure pas et qui pourtant est bien réel ! Notre société occidentale porte un regain d’intérêt pour le monde invisible. Mais l’univers invisible a aussi des pièges qui peuvent parfois perdre des personnes pourtant bien intentionnées. L’Eglise a, depuis des centaines d’années, mis des garde-fous pour permettre de ne pas s’égarer et se mettre en danger. La prière sincère, une foi solide et l’eucharistie régulière évitent toute dérive.
Cela ne nous met pas à l’abri des dangers et du mal, mais cela nous permet de les affronter avec plus de sérénité et de paix.
Propos recueillis par Michèle Fringeli