COURRIER DE LECTEUR
Sortir de son Eglise
Un article du Quotidien jurassien (28.1.25) montre une nette progression des personnes sans appartenance religieuse en Suisse en 2023 : 36%. Elles sont soit sorties de leur Eglise, soit s’annoncent sans religion à leur commune de domicile. 31% demeurent catholiques, 19% protestantes et 2,8% musulmanes. Ces départs qui ont doublé entre 2022 et 2023 prennent place à l'intérieur d'un processus plus général de perte d'identité : nationale, de genre et d'espèces. Des débats qui reviennent régulièrement dans les médias. Sortir de l'Église est la manifestation d’une posture critique face à l'institution. Mais comment, par la suite, répondre aux besoins de sens, de consolation et de ritualisation qui toucheront un jour chacune et chacun ? Par les nouvelles formes de l’ascèse alimentaire comme le végétarianisme ou le véganisme et sportive comme le running. L'attrait de l'Orient et de ses philosophies. La fuite dans des produits : alcools, stupéfiants, médicaments. Autant de démarches qui sont souvent signes de recherches d’infini et pas toujours destinées à compenser le stress de la vie moderne. Et demain ? Aux confessions catholiques et protestantes de s'interroger : les offres actuelles correspondent-elles aux préoccupations de la majorité des gens d’aujourd’hui ou sont-elles destinées à un petit nombre de convaincus ? Manque-t-on vraiment de professionnels en Eglise si les membres disparaissent comme neige au soleil ? Ne faudrait-il pas multiplier les collaborations avec les associations, services et groupements qui luttent également pour davantage de solidarité, de justice et d’écologie ? Un élément demeure certain : l’histoire religieuse du monde occidental n'est pas terminée, même si beaucoup font le choix de ne plus avoir d’appartenance religieuse.
Philippe Charmillot, Delémont