Jura Pastoral

Dieu au coeur de nos vacances

Détente et repos avec Dieu

Christophe Herinckx

Les vacances qui approchent sont une opportunité pour se détendre, se reposer, mais également se ressourcer. La méditation, en particulier, peut être une porte d’entrée sur notre dimension spirituelle, là où Dieu est présent, dans le silence de notre intériorité.

« Vous autres, venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu » (Marc 6, 31). Ces quelques paroles, Jésus les adresse aux Douze apôtres après leur retour de mission, dans la région de Nazareth. La suite de l’évangile nous montre que, malgré cette recommandation, Jésus et ses disciples n’auront droit à aucun répit. Les reconnaissant, les foules continuent de les suivre, jusqu’à ce que Jésus les fasse asseoir pour leur donner à manger: « Et il leur commanda d’installer tout le monde par groupe sur l’herbe verte » (Marc 3, 39).

La suite de ce récit est bien connue: Jésus va nourrir la foule avec cinq pains et deux poissons. Mais ces quelques mots sur le repos, qui passent presque inaperçus, sont également riches de sens. La simple mention de « l’herbe verte » évoque le célèbre psaume 23 (22): « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur de frais herbages, il me fait coucher; près des eaux du repos, il me mène, il me ranime » (Psaume 23, 1-3).

Les vacances qui approchent pour un grand nombre d’entre nous sont un temps de détente, de repos, de ressourcement, nécessaire à notre équilibre biologique, psychologique, mais aussi spirituel. Repos du corps, ressourcement de l’esprit, les deux vont de pair. Comme nous venons de le lire, Dieu lui-même nous convie à ce ressourcement.

Pleine conscience et spiritualité

Aujourd’hui, de nombreuses possibilités de ressourcement nous sont proposées. En témoigne le « Sentier méditatif » dans les ruines de l’Abbaye de Villers-la-Ville, qui est une initiation à la méditation de pleine conscience (voir l’article en page 8). Le succès grandissant de ce type de parcours montre qu’il répond à une attente d’un public de plus en plus large: (re)découvrir notre vie intérieure, se détacher du bruit qui nous entoure et nous habite, retrouver l’harmonie avec nous-même et, partant, avec celles et ceux qui nous entourent. Etre conscient, de plus en plus pleinement, c’est être présent à soi et aux autres, de plus en plus réellement.

Ce type de démarche peut-il déjà être qualifié de « spiritualité »? Dans ce domaine comme dans n’importe quel autre, tout dépend du sens qu’on associe aux mots. Pour une personne athée, par exemple, la méthode de la « mindfulness » peut déjà être qualifiée de spiritualité, car pour elle, la spiritualité concerne sa vie intérieure et son rapport aux autres et au monde, indépendamment de toute notion de divinité. Pour un bouddhiste comme Christophe Fauré*, par ailleurs psychologue, la méditation en pleine conscience, bien que s’inspirant de certaines techniques de méditation bouddhistes, a été élaborée en évacuant consciemment les éléments spécifiquement spirituel. Ce afin d’être également accessible aux non bouddhistes. En ce sens, ce type de méditation relèverait davantage du développement personnel, et donc de la sphère psychique, la spiritualité impliquant une étape supplémentaire: l’ouverture de notre intériorité à une forme de transcendance.

Présence à l’Autre, présence à soi

Pour le bouddhiste, comme pour le chrétien, la méditation de pleine conscience ne constitue que la première étape de la méditation. D’un point de vue chrétien, la méditation en pleine conscience s’apparente d’ailleurs à la pratique du recueillement. Au-delà de cette similitude, l’une et l’autre poursuivent des objectifs différents, mais pas nécessairement incompatibles.

La mindfulness permet une prise de distance intérieure par rapport au flux des émotions, positives comme négatives, par rapport au flux incessant de nos pensées. Elle permet de prendre conscience que « je ne suis pas mes émotions », mes états d’âme. Cette prise de conscience débouche sur une pacification intérieure et une présence à soi.

De manière similaire, les différentes méthodes de recueillement, proposées par nombre de spirituels chrétiens, visent une plongée dans notre intériorité, et une libération de notre conscience – de notre âme – par rapport à ce qui l’encombre. Cependant, le but de ce processus d’apaisement est différent: il s’agit de nous disposer, de nous ouvrir à la présence d’une Présence qui est autre que nous. Cette Présence est au cœur de notre conscience comme ce qui est infiniment plus… ample que notre conscience. Elle est Conscience divine, si on peut dire, et comme telle, elle est source vivante de notre propre conscience. Si elle est « autre » que nous, elle ne l’est cependant pas au sens d’une extériorité, mais elle est « plus nous-même que nous même ».

Ainsi, dans la spiritualité chrétienne, la présence à soi-même découle de la Présence à l’Autre intime qui est Dieu. C’est dans la relation intime avec Dieu que se réalise la distance par rapport à tout ce qui nous encombre. Et c’est donc à partir de cette relation que se crée l’harmonie avec soi, avec les autres, avec le cosmos, comme l’indique une Hildegarde de Bingen.

Vacances et ressourcement

C’est également dans l’accueil de la Présence de Dieu, notamment à travers la prière silencieuse de l’oraison, qu’un repos, un ressourcement en profondeur devient possible: « Près des eaux du repos, il me mène, il me ranime ». D’après le texte du psaume, c’est Dieu lui-même qui nous redonne vie à travers le repos. Cette thématique du repos nous ramène à celle… des vacances. En été, de nombreuses opportunités de retraites, de weekends et de pèlerinages nous sont offertes, pour tous les âges et pour tous les « états de vie » (voir la page 10 de ce numéro).

A côté de ces propositions, il est également possible de séjourner quelques jours dans une abbaye, individuellement. Une telle retraite – au sens propre de se « retirer » de l’agitation intérieure comme extérieure – peut donner lieu à une expérience spirituelle très forte. Il y a le fait de participer à la prière des moines ou des moniales, le fait de prendre des temps de prière, seul, dans le silence, mais aussi de se reconnecter à la nature ambiante. Et à travers tout cela: le silence, véritable porte d’entrée de notre intériorité et de la Présence qui l’habite.

Lorsqu’on n’y est pas habitué, ce silence peut faire peur, car il nous met en présence de nous-même de façon radicale. Dans le silence, nous pouvons être confrontés à certaines expériences, douloureuses, qui remontent à la surface. Il peut donc être opportun d’être accompagné par un moine ou une moniale le temps de la retraite, pour nous aider à réagir à ces réminiscences de manière adaptée. Il s’agit alors, principalement et encore une fois, d’accueillir la Présence infiniment bienveillante de Dieu, sa Lumière qui éclaire nos ténèbres, à un niveau plus profond que notre psychisme. L’on peut éprouver alors que cette Présence agit réellement et nous guérit, à la racine de notre être.

En dehors de ces moments privilégiés, il est également possible, pendant nos vacances, de se ménager des temps de ressourcement au quotidien. Même lorsque nous sommes en voyage, en famille, avec des amis. Partout, il existe des lieux de silence, où nous pouvons nous retirer à un moment de la journée: des églises, une plage au coucher du soleil, en forêt pour une promenade, ou tout simplement dans notre chambre d’hôtel, à un moment plus calme de la journée.

De tels moments de repos intérieurs, et d’attention à Dieu, sont bien sûr également possibles chez nous, alors que nous échappons à certaines contraintes pendant nos périodes de congé. Par exemple, quand notre conjoint ou nos enfants partcipent à une activité à l’extérieur. Il suffit souvent d’y penser, et d’accueillir ces temps qui nous sont donnés, tout simplement.

Christophe HERINCKX

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