Au sujet du sacrement de réconciliation, nous sommes souvent partagés entre la conception d'autrefois et les idées actuelles. Jadis, la confession était très importante pour rester en état de grâce car le péché mortel entraînait le châtiment éternel de l'enfer. Cette perspective entraînait l'inquiétude et parfois le scrupule. Actuellement la confession apparaît à beaucoup comme une routine inutile. Pour comprendre pourquoi il faut se confesser, il faut d'abord avoir une juste conception du péché.
Or actuellement, le mot péché n'est pas très bien vu; il évoque le moraliste qui donne des leçons. On hésite a appeler quelque chose «péché». La notion de péché semble s'opposer au respect de la liberté humaine et à l'épanouissement de la personnalité. Le sentiment de culpabilité apparaît comme le résultat maladif de tabous inconscients. L'Évangile ne parle pas souvent du péché, mais plutôt du pardon. Il aborde le péché à partir de l'initiative divine qui vient manifester sa miséricorde. Jésus appelle à la conversion pour accueillir la Bonne nouvelle du Royaume (Mc 1,15). Jésus va au-devant des pécheurs, car il n'est pas venu pour les biens portants, mais pour les malades. Il pardonne au paralytique (Mc 2,5), à la femme pécheresse (Luc 7,48), à la femme adultère (Jn 8,11), à Zachée (Luc 19,9-10) et sur la croix à ses bourreaux (Luc 23,34).
Il montre la miséricorde divine par les paraboles de la brebis perdue et du fils prodigue (Luc 15). Ce qui montre le mieux dans l'Évangile la gravité du péché, c'est que Jésus affirme à la Cène que son sang est versé pour le pardon des péchés (Mt 26/28). C'est un aspect de l'Évangile que l'on oubli souvent. Le péché est, un manque d'amour de Dieu qui atteint la relation entre l'homme et Dieu. On se reconnaît pécheur non pas en se regardant, mais en regardant l'amour de Dieu pour nous. On se demande parfois pourquoi confesser ses péchés à un prêtre. L'essentiel n'est-il pas de demander à Dieu son pardon ? Ne pouvons-nous pas nous confesser directement à Dieu ? En fait Jésus a voulu donner à son Église la mission de pardonner les péchés.
Il a promis à Pierre et aux apôtres le pouvoir de «lier et de délier» (Mt 16,19) , de condamner ou d'absoudre. Après sa résurrection, lorsqu'il est apparu à ses disciples, qu'il leur a donné l'Esprit Saint et qu'il leur a dit : «Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.» (Jean 20, 22-23) Jésus leur a donné la mission de pardonner. Le symbole central du sacrement du pardon est la rencontre entre le prêtre et le pénitent qui exprime la rencontre personnelle du pécheur avec Dieu.